Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y consacre, et que réciproquement la dépense soit digne du résultat qu’on en obtient, ou même le surpasse : et, dans cet excès même, le magnifique n’aura en vue que ce qui est honorable et, beau, car tel est le caractère commun de toutes les vertus. De plus, il dépensera avec plaisir et avec largesse, parce que l’économie sévère est le caractère du défaut de magnificence, et que le. magnifique doit plutôt envisager les moyens de donner à ce qu’il fait le caractère de la beauté et de la grandeur, que s’occuper du prix qu’il y consacre, et des moyens de faire qu’il soit le moindre possible.

Il faut donc nécessairement que le magnifique soit libéral, puisque le libéral est celui qui fait la dépense qu’il faut et comme il convient ; mais, en ce genre, la grandeur est ce qui fait la magnificence, c’est-à-dire la libéralité appliquée aux choses qui ont de la grandeur. Aussi, avec une dépense égale, obtiendra-t-elle un résultat plus important ; car le mérite de l’œuvre n’est pas toujours proportionné à l’étendue des moyens ; ceux-ci consistent dans la possession de ce qui a un prix ou une valeur considérable, comme l’or. Mais le mérité de l’œuvre consiste dans la grandeur et dans la beauté, dont la contemplation excite toujours en nous un sentiment d’admiration ; en sorte que c’est proprement la magnificence qui fait le mérite de l’œuvre ou de l’action. Cependant il y a des dépenses auxquelles on donne plus spécialement le nom d’honorables, comme sont, par exemple, les offrandes que l’on consacre dans les temples, les sacrifices,