Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/25

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qui nous en reste dans la comédie des Nuées d’Aristophane, qui déshonora son génie en le faisant ainsi servir à diffamer un grand homme, le temps de la domination des trente tyrans établis à Athènes par Lysandre, à la fin de la guerre du Péloponèse, fut celui où il courut le plus de dangers. Critias, l’un de ces misérables chargés de désoler leur patrie pour satisfaire la vengeance et les intérêts de l’étranger, avait été précisément un de ceux qui, autrefois, suivaient avec le plus d’assiduité ses entretiens ; et quelques avis qui lui avaient été donnés par Socrate sur son penchant à la débauche, l’avaient irrité et enfin tout-à-fait éloigné. Aussi, ce fut lui qui, dans le dessein de se venger de celui que jadis il avait regardé comme son maître, fit rendre, par ses collègues, une ordonnance qui défendait d’enseigner désormais l’art de discourir et de raisonner. Car ceux qui font le mal voudraient ne voir autour d’eux que des hommes incapables de juger leurs actions, et surtout incapables d’apprécier et de réfuter les misérables prétextes dont ils essaient de colorer leurs plus criantes iniquités. Socrate n’avait pu s’empêcher de faire entrevoir l’opinion qu’il avait du système de conduite de ces hommes violents et sanguinaires. Si, disait-il, un homme chargé d’élever des bœufs ou de dresser des chevaux, au lieu de les rendre dociles et obéis-