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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/270

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et l’on se convaincra que la vertu, en tout genre, est un juste milieu, quand on aura vu qu’en effet ce principe peut s’appliquer à toutes les vertus. Or, nous avons parlé de ceux qui, dans le commerce de la vie, ne se dirigent que par les sentiments de plaisir ou de peine. Parlons maintenant de ceux qui montrent vérité ou fausseté, soit dans leurs paroles, soit dans leurs actions, et jusque dans la dissimulation.

L’homme vain est celui qui, en fait de qualités propres à attirer de la considération ou de la gloire, veut faire croire qu’il a celles qu’il n’a pas, ou qu’il les possède à un plus haut degré qu’il ne les a réellement : et il est un genre de dissimulation qui consiste, au contraire, à nier qu’on possède les qualités qu’on a, ou à faire croire qu’on les possède dans un moindre degré : mais l’homme franc et loyal, également éloigné de ces deux extrêmes, est sincère dans sa conduite, comme dans son langage : il ne craint point d’avouer les qualités qu’il croit reconnaître en lui, sans vouloir les donner pour plus grandes ou moindres qu’elles ne sont.

Au reste, on peut agir de chacune de ces manières diverses, ou pour quelque motif particulier, ou sans aucun motif ; mais, en général, chaque homme agit, parle et même vit d’une manière conforme à son caractère particulier, excepté dans les cas où quelque motif secret dirige sa conduite. Cependant comme le mensonge est en lui-même une chose vile, et digne de blâme, et que la vérité est belle et digne d’éloges, l’homme franc et sin-