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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/272

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fanfarons, et aux charlatans en tout genre, on ne le blâmera pas avec excès ; mais si c’est par amour de l’argent, ou de ce qui peut satisfaire la cupidité, on en sera plus choqué. Au reste, la forfanterie et le charlatanisme ne sont pas simplement des actes de nos facultés naturelles[1], mais sont l’effet d’une détermination réfléchie, car c’est par habitude que l’on devient fanfaron, comme on devient menteur, soit qu’on prenne plaisir, en quelque sorte, au mensonge, soit qu’on en fasse un moyen d’obtenir la gloire ou la richesse dont on est avide. Ceux dont le charlatanisme ou la forfanterie a pour but la considération publique, s’appliquent à persuader qu’ils ont les talents ou les qualités qu’on loue ou qu’on admire le plus, ceux qui n’ont en vue que le gain, s’attribuent les talents ou les qualités qui peuvent être avantageuses au public, et dont il est difficile de constater la réalité, comme l’habileté dans la médecine et dans la divination[2] ; aussi beaucoup de gens ont-ils re-

  1. Littéralement : « ne sont pas en puissance. » Aristote établit ici, comme dans plusieurs autres endroits de ses ouvrages, une distinction qu’il paraît avoir regardée comme très-importante, entre les actions que nous faisons, simplement parce que nous avons le pouvoir ou la faculté de les faire, et celles qui sont le résultat d’une volonté expresse, ou d’une habitude contractée volontairement. Mr Zell, dans son Commentaire, cite, à cette occasion, un passage de notre philosophe (Topic. l. 4, c. 5, § 7,) où ce point de sa doctrine est très-clairement exposé.
  2. La superstition et l’ignorance ont favorisé, dans tous les