Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/28

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parle pas non plus des bouviers…… autrement, prends garde de diminuer, pour ta part, le troupeau qui nous est confié[1]. »

Socrate échappa cependant à la tyrannie des trente, qui, trop violente pour pouvoir se soutenir, fut renversée après huit mois, par la généreuse résolution de Thrasybule. Malheureusement il ne pouvait détruire ni l’ambition inquiète et jalouse des orateurs, ni le faux zèle et l’hypocrisie des prêtres, ni le stupide aveuglement d’une multitude abusée par ces deux classes d’imposteurs, parmi lesquels se trouvaient les ardents et irréconciliables ennemis du sage Athénien. Cinq ans après, ils lui suscitèrent ce procès célèbre dont tout le monde connaît l’histoire et les détails. Ils firent condamner à la mort comme ennemi de la religion, celui de leurs citoyens qui avait de la divinité les idées les plus saines et les plus élevées ; comme corrupteur de la jeunesse, celui qui savait le mieux lui inspirer l’amour de la vertu, et le courage de remplir les devoirs quelle impose.

Les hommes qui ne désirent le pouvoir que pour lui-même, et non en vue de l’utilité de leurs semblables, n’ont point d’avenir dans la pensée : leurs vues sont étroites, et bornées : quelques mois, quelques années, voilà le terme de leurs

  1. Voy. Xenoph. Memor. Socrat. 1. I, c. 2, § 32—37.