Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

  • Cela a lieu encore dans les autres arts ; car ils ne pourraient pas exister, si leurs moyens d’action n’avaient pas un effet, ou un résultat, déterminé sous le rapport de la quantité, aussi bien que sous celui de la qualité, et si la quantité ou la qualité de leur actionne pouvait pas être déterminée*[1].

Au reste, les noms de perte et de gain sont venus des transactions volontaires ; car avoir plus qu’on ne possédait précédemment, s’appelle gagner, et avoir moins qu’on ne possédait d’abord, c’est perdre ; ainsi qu’il arrive dans les ventes, dans les achats, et dans toutes les autres transactions pour lesquelles la loi offre des garanties. Mais, lorsqu’on n’augmente ni ne diminue la quantité de ce qu’on possède, et qu’il y a compensation exacte, alors on dit que chacun a ce qui lui appartient, sans gain ni perte. En sorte que, dans les choses qui ne dépendent pas de la volonté, la justice consiste dans un certain milieu entre la perte et le gain, c’est-à-dire à se trouver après [que la compensation a été opérée], précisément dans le même état où l’on était auparavant.

V. Quelques personnes font consister la justice

    notion de justice qu’il s’agissait d’expliquer ; parce qu’il s’en faut beaucoup que les idées morales puissent être déterminées avec autant de précision que celles du nombre et de l’étendue.

  1. Toute cette phrase, comprise entre les deux astérisques, a été regardée, par les critiques, comme transposée ici mal à propos du chapitre suivant, auquel elle appartient, et où elle se retrouve presque dans les mêmes termes.