Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’ailleurs, en ce sens que celui qui ne fait que commettre un acte d’injustice, est injuste, à la vérité, mais non pas absolument pervers ; il est impossible qu’on soit injuste envers soi-même : car ce cas est tout différent de l’autre. L’homme qui n’est injuste ou pervers que jusqu’à un certain point, est comme le lâche ; il n’est pas absolument vicieux. De sorte que l’injustice qu’il commet n’a pas ce degré de perversité absolue ; puisque [le lui imputer], ce serait attribuer et ôter en même temps une même chose à la même personne ; ce qui est impossible. Au contraire, il faut toujours et nécessairement, que le juste et l’injuste [pris dans un sens absolu] se trouvent dans des individus différents. Il faut même qu’un acte injuste soit volontaire, qu’il soit l’effet d’une détermination réfléchie et que rien n’a provoquée ; car celui qui rend le mal qu’on lui a fait, n’est pas ordinairement considéré connue coupable d’injustice. Mais celui qui serait injuste envers lui-même souffrirait et ferait en même temps le même tort, et de plus, il faudrait qu’on pût être volontairement victime de l’injustice.

Ajoutons à cela que personne n’est coupable d’injustice sans qu’on puisse spécifier le délit particulier qui lui est imputé ; or., assurément un homme n’est point coupable d’adultère avec sa propre femme, ni ne force sa propre maison pour y commettre un vol, ni ne dérobe ce qui lui appartient. En un mot, le crime d’injustice commise en-