Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/337

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cherche des moyens de l’obtenir que la raison peut approuver, à la détermination du temps et de la manière la plus convenable pour cela. — X. Le discernement est relatif aux choses’ qui sont l’objet du doute ou de l’incertitude, et sur lesquelles on est dans le cas de délibérer, et par conséquent s’applique aux mêmes objets que la prudence ; mais il n’est pas tout-à-fait la même chose : sa fin est d’indiquer ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Il se confond presque avec l’intelligence ou connaissance exacte des choses. — XI. Le jugement. (le sens commun ou le bon sens) consiste dans un juste discernement de ce qui est équitable. L’indulgence est un jugement exact et juste de ce qui est bien, c’est-à-dire, de ce qui est conforme à la vérité. Sans doute aucun homme n’est naturellement sage, mais le jugement, l’esprit ou l’intelligence, et la sagacité, sont des facultés naturelles, qui se développent et se perfectionnent par le progrès des années. — XII. La sagesse ne se rapporte à rien de ce qui peut être créé ou produit par l’homme : la prudence a du moins cet avantage ; mais si les vertus ne sont que des habitudes ou des dispositions, il ne dépendra pas de nous de les posséder ; à quoi donc serviront la sagesse et la prudence ? D’ailleurs, si cette dernière faculté est inférieure à l’autre, n’est-il pas étrange que ce soit elle qui ait l’autorité, et qui décide de ce qu’il faut faire ? On répond qu’elles sont toutes deux désirables, parce que la vertu rend estimable le but qu’on se propose, et parce que la prudence donne aux moyens le même caractère de convenance et de bonté morale. Le talent, qui consiste à exécuter avec succès ce qu’on a en vue, n’est digne d’éloges et d’estime qu’autant que ce but est honorable, et c’est la vertu qui le rend tel. — XIII. La partie de l’ame qui conçoit et apprécie les opinions, comprend le talent et la prudence, et la partie morale comprend la vertu naturelle et la vertu absolue, laquelle est, pour ainsi dire, principale et directrice, et ne saurait exister sans la prudence. En effet, c’est la prudence qui donne à toutes nos dispositions la rectitude qui les rend conformes à la raison : celle-ci se rapporte à la fin, et celle-là aux moyens propres à nous y conduire. Mais ce n’est pas la prudence qui commande