Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/344

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l’induction. Il suit de là que la science est une habitude de démonstration, et qu’elle a tous les autres caractères particuliers que j’ai définis dans les Analytiques[1] ; car, quand on a une croyance quelle qu’elle soit, et que l’on connaît les principes qui lui servent de base, alors on sait : mais, si les principes ne sont pas plus évidents que la conclusion, on ne saura que par hasard. Telle est la notion qu’il faut se faire de la science.

IV. À l’égard des choses qui peuvent être autrement qu’elles ne sont, il y en a qui sont un résultat durable de l’action, et d’autres qui en sont un résultat, pour ainsi dire, fugitif[2] ; car c’est une différence dont il faut tenir compte ; mais je m’en rapporte encore sur ce point à mes Discours exotériques[3] ; en sorte que la disposition, ou l’ha-

  1. Voyez Analytic. Poster. (l. i, c. 2).
  2. Ici, et en d’autres endroits (Voy. M. M. l. i, c. 35 ; Politic. l. i, c. 2, § 6), notre philosophe établit une distinction qui lui paraît importante entre les mots ποίησις et πρᾶξις ; entendant par le premier (ποίησις, c’est-à-dire, création ou production,)l’acte d’où résulte un produit visible, matériel, permanent, comme dans les arts mécaniques ; et exprimant par le second (πρᾶξις, action)tous les actes dont le résultat s’évanouit, pour ainsi dire, à mesure qu’ils ont lieu, comme dans la déclamation, la musique, la danse, etc. On peut voir à ce sujet les remarques de Mr Coray sur Isocrate (t. 2, p. 220).
  3. Voyez ci-dessus l. i, c. 13, note 2. Il y a pourtant quelque apparence que l’expression dont se sert Aristote, pourrait signifier, dans certains cas, les discours ou le langage de la conversation ordinaire, ainsi que Mr Zell l’a soupçonné, mais ce ne peut pas être en ce sens qu’il faut l’entendre ici.