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LIVRE VII.

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ARGUMENT.

I. Il y a trois sortes d’écueils à éviter ; le vice, l’intempérance, et la férocité ; la vertu et la tempérance sont opposées au vice et à l’intempérance : mais l’extrême opposé à là férocité ne peut être qu’une vertu héroïque, presque au-dessus de l’humanité ; ces deux extrêmes, au reste, se rencontrent très-rarement. Il faut d’abord examiner les opinions diverses les plus remarquables sur ce sujet. — II. On a prétendu que l’intempérance ne saurait avoir lieu pour ceux qui ont la science positive de ce qui est moralement bon ou mauvais. Telle était l’opinion de Socrate ; mais elle est contraire aux faits. D’un autre côté, en convenant qu’il n’y a rien qui puisse avoir plus de force que la science, on a soutenu que l’homme intempérant peut se laisser séduire par ce qui n’est en lui qu’une simple opinion. Il résulte de la discussion de ces manières de voir diverses, que la force morale constitue essentiellement la tempérance, et que le défaut ou l’absence de cette force constitue l’intempérance absolue. — III. En examinant attentivement la question de savoir s’il est possible qu’on soit intempérant, quoiqu’on sache très-bien qu’on agit contre la raison, ou s’il est impossible, comme le prétendait Socrate, d’agir contre ce que l’on sait avec certitude, on reconnaît que, dans certains cas, les impressions produites sur ses sens par les objets extérieurs, peuvent déterminer l’homme à faire des actions contraires à ce que la raison lui prescrit. — IV. Est-on tempérant ou intempérant à l’égard des plaisirs ou des peines de tout genre ? À proprement parler, on ne se sert des mots tempérance et intempérance qu’à l’occasion des mêmes choses auxquelles se rapportent la sobriété et la débauche, et