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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/398

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Phalaris[1] : telles sont les habitudes de férocité.

Mais il y a des gens chez qui elles sont l’effet de la maladie, et d’autres en qui elles sont produites par quelque démence : comme celui qui sacrifia sa mère, et la dévora[2], et celui qui mangea le cœur de son compagnon d’esclavage. Les actions de ce genre, qu’on peut attribuer à la maladie, ou à la coutume, sont, par exemple, de s’arracher les cheveux, de se ronger les ongles, de manger du charbon où de la terre. Ajoutons à cela l’amour entre personnes d’un même sexe, qui naît chez les uns d’une perversité naturelle, et chez d’autres, d’habitudes vicieuses contractées dès l’enfance. Or, on ne peut pas appeler intempérants ceux en qui la cause de pareils égarements est naturelle, comme les goûts dépravés de certaines femmes ; ou ceux à qui la coutume a fait contracter une disposition maladive. Cependant, s’abandonner à ces travers, sans aucun frein, est d’une perversité odieuse, comme la férocité même : mais les surmonter, ou s’en laisser vaincre, quand on les a, ne peut s’appeler tempérance ou intempérance que par analogie, et non dans un sens absolu, comme en

  1. Phalaris, né en Sicile et tyran d’Agrigente, fut célèbre dans l’antiquité par sa cruauté. Bentley a fait voir que les détails qu’on en raconte ne sont fondés que sur des traditions assez vagues, et presque fabuleuses, mais il n’est guère probable qu’un homme qui n’aurait pas été en effet un monstre eût laissé un nom aussi abhorré.
  2. Les scholies d’Aspasius attribuent, sans aucun fondement, cette monstruosité à Xerxès, roi de Perse.