Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/40

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qui ont leur source dans l’activité propre de la raison ou de l’intelligence, et qui sont modifiés par elle ; tels sont les sentiments purement spirituels ou moraux qui accompagnent la pratique de la vertu. L’union de ces sentiments avec la pensée, ou, si l’on veut, le plaisir qui accompagne les actes de l’intelligence, constitue proprement le souverain bien de l’homme, suivant l’opinion de Platon ; cette union comprend en soi, vérité, régularité et beauté, trois caractères essentiels de tout ce qui est bon et bien.

Ce n’est donc ni dans le plaisir tout seul, ni dans la pensée ou la raison toute seule, que se trouve le bonheur ; il résulte du mélange, de la combinaison de ces deux éléments ou conditions. Sans doute la raison est le législateur suprême ; en cette partie, c’est à elle à nous prescrire la règle à laquelle nous devons nous conformer ; et elle ne peut le faire qu’en consultant les idées, ou formes exemplaires des notions qui sont communes à l’entendement de l’homme et à la suprême intelligence, ou à la divinité. Car Dieu est l’idéal, ou la source de toute perfection morale, et il n’y a pas pour l’homme d’autre moyen d’éviter le mal ou le vice, et d’atteindre au degré de perfection que comporte sa nature, que de se rendre, le plus qu’il est possible, semblable à ce divin modèle.