Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/408

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L’habitude du jeu et de la dissipation semble aussi tenir de l’intempérance : c’est du moins une sorte de faiblesse. Car le jeu peut être regardé comme un délassement des occupations sérieuses, puisqu’il procure du repos ; mais l’excès en ce genre, caractérise un joueur de profession. Au reste, les causes de l’intempérance sont d’une part l’impétuosité, et de l’autre la faiblesse. En effet, il y a des gens qui, après avoir pris une résolution, n’y sauraient demeurer fidèles, parce que la passion les emporte ; et il y en a qui sont entraînés par elle, faute d’avoir songé à prendre une résolution. D’autres, au contraire (semblables à ceux qui, après avoir été vivement chatouillés, deviennent insensibles à ce genre de sensation), ayant pris soin de tout sentir et de tout prévoir, de se tenir sur leurs gardes et de fortifier leur raison, né se laissent vaincre par aucune passion, soit agréable, soit pénible. Mais les hommes d’un esprit vif et pénétrant, et les mélancoliques, sont plus particulièrement sujets à l’intempérance qui naît de l’impétuosité dés passions : les uns par la promptitude, et les autres par la violence des affections qu’ils éprouvent, sont incapables d’entendre le langage de la raison, parce qu’ils se laissent surtout conduire par l’imagination.

VIII. Le débauché, comme on, l’a dit, n’est pas sujet à se repentir ; car il persiste dans ses déterminations : mais l’intempérant [celui qui n’est pas maître de soi] est toujours susceptible d’éprouver quelque regret. Ces caractères ne sont donc pas