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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/424

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tant qu’agréables ou donnant du plaisir ; car, enfin, la méditation est aussi quelquefois nuisible à la santé. Mais certes le plaisir qui résulte naturellement et immédiatement de chaque chose ne nuit ni à la saine raison, ni à aucune habitude ou disposition ; ce sont les plaisirs qui ne sont ni naturels, ni immédiats, qui peuvent nuire. Et, en effet, le plaisir que nous prenons à penser et à nous instruire, augmente en nous le goût de la méditation et de l’instruction. Mais [dit-on] il n’y a point de plaisir qui soit l’effet ou le produit de quelque art : cela devrait être ainsi ; car il n’y a d’art pour aucune autre espèce d’actes ou d’actions ; il n’y en a que pour les puissances ou facultés. Cependant, l’art du parfumeur et celui du cuisinier semblent destinés à procurer des plaisirs.

Enfin, l’objection fondée sur ce que l’homme sobre fuit un genre de vie exempt de toute peine, tandis que l’homme prudent le cherche[1], et que les animaux et les enfants le cherchent également, se résout par le même principe. Car, comme nous avons déjà fait voir comment il y a des plaisirs qui sont bons ou désirables, absolument et en général, et comment toutes les sortes de plaisirs ne sont pas désirables, ce sont ces derniers que cherchent les animaux et les enfants ; et c’est l’exemption des peines relatives à ces plaisirs que cherche aussi l’homme prudent, c’est-à-dire, qu’il fuit les plaisirs

  1. C’était l’opinion de Platon ; comme on peut le voir par ce qui est dit sur ce sujet dans le Philébus (p. 55)