Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/45

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de talent et d’éloquence qui le caractérisent, et jusqu’à cette métaphysique subtile dont il abuse trop souvent dans ses autres écrits. Nous croyons donc qu’il ne sera pas inutile de s’y arrêter ici un moment, pour donner au lecteur quelque idée de la manière de cet auteur, en même temps que nous essayons d’indiquer les points les plus importants de sa doctrine morale.

Sans parler de l’introduction, qui donne à l’ouvrage un, intérêt tout-à-fait dramatique, le Gorgias de Platon se divise naturellement en trois parties, ou, si l’on veut, en trois scènes distinctes chacune par l’apparition, s’il le faut ainsi dire, d’un nouvel interlocuteur. Socrate demande d’abord à Gorgias quel est précisément l’art dont il fait profession. C’est la rhétorique, c’est-à-dire l’art de persuader. Mais la rhétorique ne persuade-t-elle jamais que des choses justes, ou si elle en persuade quelquefois qui sont contraires à la justice ? Elle persuade tout ce qu’elle veut, dit Gorgias ; mais si l’orateur abuse de son talent pour faire prévaloir l’injustice, la faute doit lui en être imputée, car il sera véritablement coupable La rhétorique enseigne-t-elle ce qui est juste, beau, honnête ? L’orateur, suivant ce que répond Gorgias, doit être capable d’enseigner toutes ces choses. Socrate conclut de là que c’est ce qu’il faudrait faire avant tout, et il démontre assez bien que celui qui le saurait parfaitement