Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/458

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chements et des amitiés d’espèces différentes, et, par conséquent, elles ne produisent pas les mêmes effets sur chacune des parties de la part de l’autre, et on ne doit pas les y exiger.

Néanmoins, lorsque les enfants rendent aux auteurs de leurs jours ce qui leur est dû, et lorsque les parents remplissent leurs devoirs à l’égard de leurs enfants, la tendresse qui les unit est durable et digne d’estime. Mais il faut que la proportion soit observée dans toutes les affections qui ont lieu entre personnes de différente condition : par exemple, il faut que celui qui mérite davantage soit aimé plus qu’il n’aime, de même que celui qui est plus utile, et il doit en être ainsi de toutes les autres qualités. Car il n’y a une sorte d’égalité que lorsque l’attachement est proportionné au mérite, et cette égalité est le caractère propre de l’amitié.

Cependant, l’égalité dans l’amitié ne semble pas devoir être la même que dans la justice ; car la première condition à exiger dans les choses justes est qu’on y observe, en premier lieu, la proportion relative au mérite, et, en second lieu, la proportion sous le rapport dé la quantité ; au lieu que, dans l’amitié, la première condition de l’égalité est qu’on y observe la proportion relative à la quantité, et la seconde, qu’on y observe la proportion relative au mérite[1]. C’est ce qu’on voit avec évi-

  1. L’auteur fait ici allusion à la doctrine qu’il a exposée précédemment sur la justice distributive (l. 5, c. 3-5), et il veut dire, ce semble, que quand il est question de récompenser le