Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/469

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perversité de ceux qui ont le pouvoir, et qui, disposant de la fortune publique, sans aucun égard au mérite, s’emparent de tous les biens, ou au moins de la plus considérable partie, et ne donnent les magistratures qu’aux mêmes personnes ; ne faisant cas que des richesses. Par conséquent, l’autorité, au lieu d’être exercée par les citoyens les plus vertueux, tombe dans les mains d’un petit nombre d’hommes dépravés.

Enfin, le passage de la timocratie à la démocratie [est encore fort naturel] ; car ces deux formes de gouvernement sont, s’il le faut ainsi dire, limitrophes ; la timocratie étant le mode de gouvernement que la multitude adopte le plus volontiers, et tous ceux qui ont un même revenu étant naturellement portés à se regarder comme égaux. Au reste, entre les corruptions ou dégénérations de ces formes diverses, la moins mauvaise est la démocratie, parce que la république ne s’écarte pas beaucoup [de cette forme principale dont elle est une corruption]. Tels sont les changements que subissent le plus communément les principales espèces de gouvernement, parce qu’ils en sont la transition la plus facile et la forme la plus voisine.

On pourrait trouver des images et comme des exemples de ces formes dans le mode d’existence des familles : car les relations d’un père avec ses enfants offrent, en quelque sorte, une image de la royauté ; c’est pour cela qu’Homère donne à Jupiter le nom de père : et l’autorité paternelle ressemble,