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LIVRE IX.

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ARGUMENT.

I. La différence des motifs sur lesquels se fonde l’attachement de deux personnes, est une cause naturelle de leur peu de durée ; l’un ne cherchant, par exemple, que l’utilité, et l’autre que le plaisir, tous deux ne tardent pas à être trompés dans leur attente. Un service rendu spontanément, ne peut être apprécié justement que par celui qui l’a reçu ; c’est à lui d’y mettre le prix. On doit toute sorte d’affection et de respect à ceux qui ont concouru à notre instruction, et à former notre raison. — II. Les engagements contractés, et la reconnaissance, imposent des devoirs qu’on ne saurait méconnaître : ce principe n’admet d’exception que dans un petit nombre de cas. On ne peut pas avoir les mêmes égards pour toutes sortes de personnes, ni déférer en tout à celles qui ont le plus de droits à notre affection ou à nos respects. Ces sentiments se, modifient à raison des personnes, et des rapports naturels ou de circonstance que l’on a avec elles. — III. Lorsque les causes qui avaient fait naître l’amitié n’existent plus, de quelque manière que ce soit, faut-il rompre entièrement tout lien d’affection ? On doit, ce semble, accorder toujours quelque chose au souvenir d’une ancienne amitié, quand ce n’est pas une excessive perversité qui nous a mis dans la nécessité de rompre avec celui que nous aimions. — IV. L’amour de soi peut être regardé comme le fondement ou le principe de là véritable et solide amitié, en ce sens que l’homme vertueux est toujours d’accord avec lui-même, toujours en paix avec sa conscience, et ne peut trouver ces mêmes caractères que dans ceux qui sont vertueux comme lui. Le méchant,