Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/56

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qu’on doit préférer à tous les antres ? Il n’y a que le sentiment de l’homme vertueux qui puisse décider cette question, c’est-à-dire, qu’il n’y a de plaisir véritable que celui qui naît de la vertu.

Aristote la considère sous deux points de vue, ou plutôt, il distingue deux sortes de vertus : les unes, qu’il appelle morales, c’est-à-dire, ayant leur source dans les sentiments et les habitudes, et, par conséquent, immédiatement relatives aux circonstances et aux actions de la vie commune ; les autres, auxquelles il donne le nom de vertus intellectuelles, et qui sont plutôt des facultés acquises que des habitudes ; dans les actes desquelles la raison intervient presque exclusivement, tandis que les vertus morales sont plus proprement, s’il le faut ainsi dire, du domaine de la sensibilité. Ces vertus intellectuelles sont au nombre, de cinq, savoir : la science, l’intelligence, la sagesse, l’art et la prudence.

Le principe fondamental de sa théorie, au sujet des vertus qu’il appelle morales, c’est qu’elles sont un milieu, une sorte de moyen terme entre deux vices opposés, l’un par excès de l’habitude ou de la disposition vertueuse, l’autre par défaut de cette même habitude. Ainsi, le courage est l’habitude d’apprécier avec justesse les maux et les dangers de toute espèce, s’ils ne sont pas au-dessus des forces ou de la constance de l’homme. Les braver,