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Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/565

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passe-temps que consiste le bonheur, mais dans les actes qui sont conformes à la vertu, comme on l’a déjà dit.

VII. Mais, si le bonheur est une manière d’agir toujours conforme à la vertu, il est naturel de penser que ce doit être à la vertu la plus parfaite, c’est-à-dire, à celle dé l’homme le plus excellent. Que ce soit donc l’esprit, ou quelque autre principe auquel appartient naturellement l’empire et la prééminence, et qui semble comprendre en soi l’intelligence de tout ce qu’il y a de sublime et de divin ; que ce soit même un principe divin, ou au moins ce qu’il y a en nous de plus divin, le parfait bonheur ne saurait être que l’action de ce principe dirigée par la vertu qui lui est propre ; et nous avons déjà dit qu’elle est purement spéculative, ou contemplative[1]. Au reste, cela semble s’accorder entièrement avec ce que nous avons dit sur ce sujet, et avec la vérité : car cette action est, en effet, la plus puissante, puisque l’entendement est ce qu’il y a en nous de plus merveilleux, et qu’entre les choses qui peuvent être connues, celles qu’il peut connaître sont les plus importantes. Son action est aussi la plus continue ; car il nous est plus possible de nous livrer, sans interruption, à la contemplation, que dé faire sans cesse quelque chose que ce soit. Nous pensons aussi qu’il faut que le bonheur

  1. Ci-dessus, l. ie siècle, c. 5, 12 et 13 ; l. 6, c. 12. À quoi l’on peut ajouter ce qui concerne le même sujet, dans la Politique (l. 7, c. 2—3), et dans la Métaphysique (l. i, c. 1—2).