Page:Aristote - Physique, traduction Barthélemy Saint-Hilaire, 1862.djvu/178

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2 PARAPHRASE DE LA PHYSIQUE

d’abord, c’est de déterminer ce qui regarde les principes. La marche la plus naturelle, c’est de commencer par les choses qui sont pour nous les plus claires et les plus faciles à connaître, et de passer ensuite aux choses qui par leur propre nature sont en soi plus notoires et plus claires. Ces deux ordres de connaissances ne sont pas identiques ; et c’est là ce qui fait qu’il est nécessaire de débuter par les connaissances qui sont relativement à nous plus claires et plus notoires, afin de nous élever de là aux notions qui le sont en soi. Or, ce qui tout d’abord semble pour nous le plus clair et le plus facile à connaître est cependant le plus composé et le plus confus ; mais en analysant ces composés, pour faire cesser leur confusion, on arrive aux éléments et aux principes, qui sont alors d’une parfaite clarté. On peut dire, en un certain sens, que c’est procéder du tout à la partie, du général au particulier ; car c’est le tout que nous donne la sensation, qui est d’abord le plus connu ; et en décomposant ce tout complexe, on y découvre une foule de parties qu’il contient dans son vaste ensemble. Il y a ici quelque chose d’analogue au rapport qu’on peut établir entre les noms des choses et la définition de ces choses. Le nom est une sorte de généralité confuse et indéterminée ; par exemple, le mot Cercle, qui comprend bien des idées ; mais en le définissant et en le résolvant dans ses éléments premiers, on l’éclaircit et on le précise. Une autre comparaison achèvera de faire comprendre cette pensée. Dans les premiers temps de la vie, les enfants appellent indistinctement Papa, Maman, tous les hommes, toutes les femmes qu’ils voient ; mais plus tard ils les discernent fort bien et ne les confondent plus.