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Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/18

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contredisent et qu’Aristote n’a pas éclaircies plus que lui. Le haut est le lieu où se dirigent les corps légers ; le bas est le lieu où se dirigent les corps pesants. Il semble donc que le haut et le bas sont déterminés par une loi naturelle, puisque ce n’est pas indifféremment que tels corps s’élèvent, tandis que d’autres sont toujours entraînés par une chute irrésistible. Mais ailleurs, Platon est d’un autre avis, et il déclare qu’il n’y a dans la nature ni haut ni bas, attendu que tout y est concentrique[1]. Platon, du reste, n’approfondit pas cette dernière idée, qui est comme un pressentiment de la théorie de la pesanteur universelle. C’est que les temps n’étaient pas venus ; et le génie même d’Aristote, avec celui de son maître, ne suffisait pas à découvrir et à constater cette grande loi du monde et de la matière.

S’il n’y a ni haut ni bas dans la nature, il y a bien moins encore de vide, et tout est plein dans ces espaces infinis où notre regard se perd quand il s’y plonge. Platon ne dit pas de quelle espèce peut être cette matière dont, à son sens, l’espace est rempli ; mais elle n’est point telle qu’elle puisse opposer le moindre obstacle au mouvement, et le mouvement

  1. Platon, Timée, page 180, traduction de M. Victor Cousin.