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Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/204

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et demeure pour servir de support à tout le reste. Ce qui subsiste ainsi est toujours un, numériquement parlant ; mais il n’est pas toujours un, sous le rapport de la forme ; et par la forme, j’entends ici la définition qui remplace le sujet pour le déterminer par une qualité spéciale : ainsi le non-musicien mis à la place de l’homme. Homme et non-musicien ne sont pas des termes identiques, puisque l’un subsiste tandis que l’autre ne subsiste pas. Ce qui subsiste, c’est précisément ce qui n’est pas susceptible d’opposition ; c’est l’homme proprement dit, tandis que le musicien et le non-musicien ou l’homme non-musicien, ne subsistent pas de cette façon.

C’est surtout aux choses qui ne subsistent pas, qu’on applique cette expression qu’une chose vient de telle chose et non qu’elle devient telle autre chose ; on dit que de non-musicien vient le musicien, car c’est le non-musicien qui cesse de subsister ; mais comme ce n’est pas l’homme qui cesse de subsister parce qu’il devient musicien, on ne dit pas que d’homme il devient musicien. Parfois cependant on applique cette expression d’une manière vicieuse à ce qui subsiste, aux substances ; et l’on dit, que la statue vient de l’airain, tandis qu’on devrait dire, au contraire, que c’est l’airain qui devient statue. Quant à l’attribut qui peut être l’un des deux contraires, on emploie indifféremment l’une de ces deux expressions, et l’on dit, ou que de non-musicien l’être devient musicien, ou que telle chose devient telle autre chose. Ainsi on dit également que du non-musicien vient le musicien, on que l’homme non-musicien devient homme musicien.

C’est que le mot Devenir peut avoir plusieurs sens, selon qu’on le prend d’une manière absolue on d’une