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Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/233

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Nous terminons ici ce que nous avions à dire sur le nombre des causes et sur leurs nuances.


IV.


Il nous semble que nous avons épuisé le nombre des causes ; mais, parfois, on compte parmi les causes le hasard, la spontanéité ; et l’on dit de bien des choses qu’elles sont produites d’une manière spontanée et fortuite, qu’elles sont causées par le hasard. Nous allons examiner s’il est possible de comprendre, parmi les causes que nous avons énumérées, le hasard et la spontanéité, et surtout ce que c’est que la spontanéité et le hasard, et si ce sont des choses identiques ou différentes. D’abord il faut remarquer qu’il y a des philosophes qui nient le hasard, et qui soutiennent que le hasard ne produit jamais rien. Toutes les choses qu’on attribue au hasard, disent-ils, ont une cause déterminée ; seulement, on ne la voit pas. Ainsi quelqu’un va au marché, et il y fait par hasard la rencontre d’une personne qu’il ne s’attendait pas du tout à y trouver. On dit qu’il l’y a rencontrée par hasard ; mais la cause de ce prétendu hasard, remarquent nos philosophes, c’est la volonté d’aller au marché pour y faire quelque emplette ; et cette volonté était parfaitement réfléchie ; elle n’avait rien de fortuit. Il en est de même, ajoutent-ils, pour tous les cas attribués au hasard ; et, en y regardant de près, on découvre toujours une cause, qui n’est pas du tout le hasard qu’on suppose. Les philosophes ajoutent encore que si le hasard était aussi réellement cause qu’on le dit, il y aurait lieu de s’étonner qu’aucun des anciens sages qui out étudié si