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Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/299

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philosophes n’ont rien dit sur l’espace, ou bien les explications qu’ils ont données sont peu satisfaisantes.


II.


Une preuve manifeste de l’existence de l’espace, c’est la succession des corps qui se remplacent mutuellement dans un seul et même lieu. Soit, par exemple, un vase où il y a de l’eau maintenant ; faites-en sortir l’eau ; c’est de l’air qui vient occuper sa place, c’est-à-dire qu’un nouveau corps vient prendre la place qui est abandonnée par l’autre. Il existe donc un espace, un lieu qui se distingue de toutes les choses qui sont en lui, et qui y changent, puisque l’air se trouve actuellement là où auparavant il se trouvait de l’eau. Donc l’espace, le lieu qui est le réceptacle successif de l’eau et de l’air est différent de ces deux corps, qui tour à tour y sont entrés et en sont sortis. A cette première preuve, on peut en ajouter une seconde : ce sont les déplacements naturels des corps simples, des éléments, le feu, la terre et les autres. Ces déplacements montrent bien que l’espace existe ; mais ils démontrent, en outre, qu’il a certaines propriétés. Ainsi, chacun de ces éléments est porté, quand rien n’y fait obstacle, dans le lieu qui lui est propre ; celui-ci va en haut ; celui-là se dirige en bas. Or, le haut et le bas et les autres directions, au nombre de six eu tout, sont des parties et des espèces du lieu et de l’espace. Mais ces directions ne sont pas uniquement relatives à nous comme on pourrait le croire, la droite et la gauche, le haut et le bas, etc. ; car, pour nous, elles ne sont pas constantes, et elles se diversifient suivant la position que nous prenons, une même