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Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/305

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se contentent d’affirmer l’existence de l’espace, Platon a essayé d’aller plus loin, et de préciser la nature de l’espace ; il a, seul, le mérite d’avoir poussé aussi profondément cette recherche.

A s’en tenir aux considérations qui précèdent, il pourrait sembler assez difficile de savoir exactement ce qu’est l’espace, soit qu’on en fasse la matière, soit qu’on en fasse la forme des choses ; car il n’y a guère d’étude plus ardue que celle-là ; et l’on a toujours grand-peine à comprendre la matière et la forme isolément l’une de l’autre.

Cependant, voici quelques arguments qui nous feront voir assez clairement que l’espace ne peut être ni la matière ni la forme des choses. D’abord la forme et la matière ne se séparent jamais de la chose, tandis que l’espace, le lieu où elle est, peut en être séparé. Par exemple, là où il y avait de l’air antérieurement, il vient ensuite de l’eau, ainsi que je l’ai dit tout à l’heure, l’air et l’eau changeant de lieu, et se remplaçant réciproquement, comme peuvent le faire bien d’autres corps. On peut donc être sûr que l’espace n’est ni une partie, ni un attribut des choses, et qu’il est séparable d’elles. Il joue en quelque sorte le rôle de vase et de réceptacle ; et l’on peut dire qu’un vase est un espace transportable ; car le vase non plus n’est pas une partie de ce qu’il contient. Ainsi, l’espace, en tant qu’il est séparé de la chose, n’en est pas la forme, et en tant qu’il enveloppe et contient les choses, il n’en est pas davantage la matière, En second lieu, le corps qui est dans l’espace étant toujours quelque chose de réel et de distinct, l’espace qui est en dehors de lui ne peut pas se confondre avec ce corps ; et par suite, il n’en est évidemment ni la matière ni la forme.