leurs étonnants travaux ? Est-ce un hasard que l’hirondelle dispose si habilement le nid de sa jeune couvée, que dans les plantes mêmes les feuilles couvrent si utilement le fruit, et que les racines poussent toujours en bas pour trouver leur nourriture dans le sol qu’elles pénètrent ? Ainsi, il n’y a pas de hasard, il n’y a pas de nécessité dans la nature ; et ce que l’on appelle vulgairement nécessité et hasard, c’est ce que nous ne comprenons pas. On ne peut nier que parfois la nature ne se trompe, et qu’en voulant réaliser la forme, qui est son but principal, elle n’échoue quelquefois dans ses efforts. Ainsi, les monstres sont une déviation des lois ordinaires, et d’un but vainement cherché ; c’est la perversion de la semence et du germe par une cause qui nous reste ignorée. Mais toujours le principe tend au même résultat, à moins qu’il n’y ait quelque obstacle qui l’arrête. Il est vrai que dans la nature le moteur est souvent impénétrable et invisible ; mais ceci ne veut pas dire qu’il ne soit pas intelligent. La nature, répétons-le bien haut, est une cause et une cause qui agit en vue d’une fin. Le nécessaire, quoi qu’on en puisse penser, n’a point dans les choses une existence absolue ; il n’a qu’une existence conditionnelle, et en
Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/40
Apparence