Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 2.djvu/13

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§ 21.[1] Quand à la nature qu'on entend au sens de génération, on devrait dire d'elle bien plutôt que c'est un acheminement vers la nature ; car il n'en est pas ici comme de la médication que fait un médecin, laquelle est non pas un acheminement à la médecine, mais à la santé, puisque la guérison que le médecin opère doit nécessairement venir de la médecine. Or, la nature n'est pas dans ce rapport avec la nature. L'être que la nature produit va de quelque chose à quelque chose, ou se développe naturellement pour aller à quelque chose. À quoi va-t-il par ce mouvement naturel ? Ce n'est pas apparemment à ce dont il vient ; mais c'est à ce qu'il doit être. Donc la nature, c'est la forme. §22.[2] Je rappelle d'ailleurs qu'on peut donner deux acceptions diverse à ces mots de forme et de nature, puisque la privation est bien aussi en quelque façon une forme et une espèce. §23.[3] Quand à savoir si, en outre, la privation est ou n'est pas une sorte de contraire en ce qui regarde la génération au sens absolu, ce sera l'objet d'une recherche ultérieure.

  1. Au sens de génération, dans la langue grecque ce rapprochement de signification est assez facile, parce que la même racine qui donne le mot de Nature peut exprimer en outre l'idée de génération. Dans notre langue aussi le mot de Nature se rapproche de celui de Nature. — Acheminement vers la nature, il faut remarquer cette expression qui est juste et bien choisie. — La nature, comprise au sens de génération, n'est pas dans ce rapport avec la nature, comprise au sens qu'Aristote vient d'expliquer. — À ce qu'il doit être, quand il sera réel et complet, en entéléchie, avec sa matière et sa forme. — Donc la nature, c'est la forme, voir plus haut §§ 17 et suiv.
  2. Une forme et une espèce, il n'y a qu'un seul mot dans le texte.
  3. L'objet d'une recherche ultérieure, il est dit en effet un mot de cette question plus loin, Livre V, ch. 2, § 11. Il faut lire aussi le Traité de la génération et de la corruption, où ce sujet est indiqué plutôt qu'approfondit à diverses reprises. Dans les Catégories ch. XI, Des Contraires, et dans la Métaphysique, Livre V, ch. 23, Aristote ne s'est pas prononcé sur ce caractère de la privation.