Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 2.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ment aussi ceux qui admettent le système des Idées, sans d'ailleurs s'en apercevoir ; car ils abstraient les choses physiques, qui sont bien moins susceptibles d'abstraction que les choses mathématiques. § 6.[1] Ceci devient parfaitement clair, quand on se donne la peine de comparer de part et d'autre les définitions de ces choses et de leurs accidents. Ainsi, le pair et l'impaire, le droit et le courbé, et d'un autre point de vue, le nombre, la ligue, la figure, peuvent exister sans le mouvement, tandis que des choses telles que la chair, les os, l'homme, ne peuvent pas se concevoir sans mouvement ; et l'on dénomme toutes ces dernières choses comme on dénomme le nez camard, et

  1. Les définitions de ces choses, les exemples qui suivent prouvent que par ces choses, il faut entendre d'une part les choses de la nature. — Le pair et l'impair, qu'étudie l’arithmétique. — Le droit et le courbe, qu'étudie la géométrie. — Peuvent exister sans le mouvement, dans l'état d'abstraction où les mathématiques les considèrent. — Ne peuvent pas se concevoir sans mouvement, parce que ce sont des choses naturelles, et que, d'après ce qui a été établi dans le chapitre précédent, les corps naturels sont ceux qui ont eux-mêmes le principe du mouvement ou du repos. — Le nez camard, c'est-à-dire, en comprenant dans la définition de ces choses, l'idée de mouvement, comme dans la définition de Camard, on comprend nécessairement l'idée de nez ; voir plus haut, Livre I, ch. 4, § 14. Le texte est d'ailleurs ici assez obscur, parce qu'il est trop concis, et j'aurais peut-être dû le remplacer par une paraphrase qui l'aurait rendu plus clair. — Pour le courbe, en effet, en définissant le courbe on n'y comprend pas nécessairement l'idée de ligne, puisque la ligne n'est pas la seule chose à être courbe, tandis qu'il n'y a que le nez qui soit camard dans la langue ordinaire.