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Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 2.djvu/18

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sans matière, et pourtant elles ne sont pas purement matérielles. § 9. [1] Mais du moment qu'on reconnaît deux natures, on peut hésiter doublement à savoir, d'une part, de laquelle des deux doit s'occuper le physicien, et d'autre part, s'il ne doit pas s'occuper uniquement de leur résultat commun. Mais s'il doit étudier ce résultat, ne faut-il pas aussi qu'il les étudie l'une et l'autre ? Par suite, connaître chacune de ces deux natures, est-ce le fait d'une même science ou d'une science différente ? § 10. [2] Si l'on regarde aux anciens philosophes, on pourrait croire que l'objet de la physique n'est que d'étudier la matière; car Démocrite et Empédocle ont à peine effleuré la question de la forme et de l'essence. § 11.[3] Mais s'il est vrai que l'art imite la nature, on peut dire que c'est à une seule et même science d'étudier jusqu'à un certain point et tout à la fois la forme et la matière. Si par exemple, c'est au mé-

  1. Doublement, on ne voit pas très-clairement à quoi s'applique ce mot; il y a plus d'une alternative dans ce qui suit. — DE laquelle des deux, soit de la forme, soit de la matière. — De leur résultat commun, c'est-à-dire du corps naturel, qui est composé à la fois de matière et de forme. – D'une même science ou d'une science différente, la forme, par exemple, étant réservée à la Métaphysique, et la matière étant l'objet spécial des recherches de la Physique. Plus bas § 11, il est établi que la Physique doit comprendre à la fois l'étude des deux natures, de la forme et de la matière.
  2. D'étudier la matière, voir plus haut, ch. 4, §§ 12 et suiv. — Car Démocrite et Empédocle, Aristote croit devoir se borner à citer ces deux philosophes; mais il aurait pu en nommer encore bien d'autres : voir plus haut, Livre I, ch. 7. Voir aussi la Métaphysique, Livre I, ch. 3, p. 983, b, 7, et 984, a, 17, édit. de Berlin, où est exprimée une pensée tout à fait identique, et où de nouveaux détails confirment ceux de la Physique, qui y est citée.
  3. L'art imite la nature, voir le début de la Poétique, et surtout ch. 3, p. 18 et suiv. de ma traduction. — La bile et le flegme dans lesquels la santé consiste, ceci se rapporte aux théories médicales qui avaient cours au temps d'Aristote. Elles ne seraient peut-être pas encore insoutenables aujourd'hui. — Les deux natures à la fois, en étudiant les corps naturels, où la forme et la matière sont toujours réunies.