Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/25

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un état ; et il vit le malheur des sociétés politiques naître des mêmes causes auxquelles il fallait attribuer celui des individus.

Cependant il ne s’était pas arrêté à ces observations générales ; il avait cru devoir rapporter à trois sources principales toutes les tendances naturelles, bonnes ou mauvaises, dont chaque homme reçoit presque à chaque instant les impressions, et qui sont les mobiles constants de ses actions et de ses déterminations. Il les exprimait par les mots intelligence ou raison, colère ou irritabilité, et désirs ou passions (1). Il regardait la première de ces tendances, ou si l’on veut, de ces facultés, comme devant nécessairement avoir sur les deux autres une autorité régulatrice, suprème et absolue. Du moment où l’une d’elles pouvait braver impunément cette autorité, ou, ce qui est plus funeste encore, pouvait la soumettre à ses caprices ou se substituer à ce pouvoir légitime, il ne voyait plus qu’anarchie, c’est-à-dire désordre, égarement et infortunes de toute espèce pour l’individu. En un mot, l’homme lui parut être en petit ce que la société civile est en grand, et ce fut là le fondement de toutes ses idées et de toutes ses considérations sur la science sociale (2). L’observation de

(1) Plat. Rep. l. 4, p. 441 ; l. 9, p. 580. (2) Plat. Rep. 1, 2, p. 368 ; 1. 6, p. 590. xxjv