Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/4

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ij DISCOURS

Cette vérité généralement admise par les philosophes grecs qui se sont occupés de la science sociale, leur fit éviter l’écueil contre lequel ont échoué plusieurs écrivains modernes, justement célèbres par la sagacité de leurs vues, et par la rare supériorité de leurs talents.. Je veux dire l’hypothèse purement gratuite d’un prétendu état de nature, qui aurait précédé l’état de société ; et l’existence d’un contrat social, exprès ou tacite, d’un ensemble de règlements fondés sur des conventions que tous les membres de la société, ou le plus grand nombre d’entre eux, se seraient engagés à observer. Le désir de donner à leurs doctrines politiques un fondement qui eût, en quelque sorte, la certitude des vérités purement rationnelles, a sans doute fait illusion à ces écrivains ; car il est certain que les faits se refusent entièrement à justifier leurs théories.

À quelque degré d’ignorance ou de grossièreté sauvage qu’on ait pu observer l’espèce humaine, on l’a toujours trouvée existant dans un état de société, qui supposait une communication d’idées plus ou moins étendues, et de sentiments plus ou moins développés ; on l’a trouvée en possession d’un langage articulé, qui servait de moyen à la manifestation de ces sentiments et de ces idées. En général, la prétention qu’ont eue les philosophes de remonter, soit historiquement, soit par des pro


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