Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/45

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que ni eux-mêmes ni les autres n’ont aperçu cette identité, parce qu’en effet ils l’ont exprimée quequefois dans un langage, plus propre à la déguiser qu’à la faire reconnaître.

Ainsi, dans la morale, que Platon et Aristote s’accordent à regarder comme le fondement de toute saine politique, ces deux philosophes semblent avoir été conduits, chacun de son côté, à des résultats qui ne diffèrent peut-être que par l’expression. L’un voit la vertu, ou la perfection morale, dans le progrès de la raison, laquelle, suivant lui, doit être le régulateur suprême et l’arbitre de toutes nos facultés actives. Mais la raison elle-même n’est pas, comme il semble le croire ou le dire en plusieurs endroits, une faculté à part, ou, comme il s’exprime, une partie de l’ame ; elle est plutôt, ainsi qu’il le donne à entendre dans d’autres parties de ses ouvrages, un état d’équilibre de nos facultés de tout genre, une manière d’être qui laisse à chacune d’elles le degré d’activité et d’énergie suffisant pour qu’elle puisse exercer ses fonctions, sans nuire à l’activité ou à l’énergie naturelle des autres. Or, c’est là, ce. me semble, ce que conçoit et ce qu’entend Aristote, lorsqu’il fait consister la vertu dans un certain milieu, entre deux vices opposés, l’un par excès et l’autre par défaut ; c’est là ce moyen terme, qu’il s’efforce de reconnaître et d’établir xliv