Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/57

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légitime acception ; c’est-à-dire, une notabilité (1), fondée d’abord sur des talents ou des services extraordinaires, sur des actions d’éclat, ou sur de grandes richesses ; et certes, il est impossible qu’un homme qui a obtenu cette espèce de noblesse ne la transmette pas à ses enfants, comme il leur transmet son nom et sa fortune. Mais ce que les philosophes, dont j’expose ici la doctrine, paraissent avoir regardé comme une chose contraire à l’égalité politique, ou même comme, toutà-fait destructive de cette égalité, c’est que des fonctions publiques, des magistratures, en un mot, des priviléges (2) quelconques, pussent être l’héritage de certaines familles ou de certains individus ; c’est que l’inégalité naturelle fût renforcée, soit dans son principe, soit dans ses conséquences, par des déterminations expresses de la loi, ou par des institutions qui en multiplieraient ou en aggraveraient les abus et les inconvénients de tout genre. Il leur sembla évident que si la nature peut mettre, et met en effet, une inégalité réelle et incontestable

(1) Notabilitas, d’où, par abréviation et corruption, Habilitas, comme nobilis de notabilis.

(2) Privilegia [privatoe ou privoe leges). Il est à remarquer que ce mot est toujours pris en mauvaise part, dans les auteurs latins qui ont précédé la chute de la République. Il désigne ce que l’on entend aujourd’hui par lois d’exception, et c’est en ce sens qu’il est partout employé dans Cicéron. lvj DISCOURS