Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/9

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les plus anciens législateurs furent naturellement conduits à donner à leurs lois l’appui de la religion. Voilà pourquoi les préambules de ces mêmes lois furent presque toujours des traités de morale, ou au moins des esquisses rapides des préceptes les plus sûrs et les plus rigoureux pour la conduite de la vie, des vérités de la théologie naturelle le plus universellement reconnues ; tandis que leurs lois elles-mêmes n’étaient presque que l’expression des vérités morales les plus incontestables. L’alliance constante et inévitable de ces trois ordres d’idées, religion, morale et sociabilité ou société civile, se montre donc dans les faits les plus anciens dont nous ayons pu avoir connaissance, comme dans l’observation immédiate des résultats de nos facultés intellectuelles.

D’un autre côté, le premier besoin des peuples encore peu nombreux et peu avancés dans la civilisation, c’est de conquérir par la force leur chétive et misérable subsistance, ou de la défendre contre d’autres peuples aussi barbares qu’eux. Ainsi, des sentiments religieux quelquefois très exaltés, des superstitions absurdes et sanguinaires, un grand respect, une haute admiration pour la valeur guerrière, voilà ce qu’on peut s’attendre à trouver dans les plus anciens temps, comme on l’observe encore de nos jours chez beaucoup de peuples sauvages. Ce n’est qu’après bien des siè viij