Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/111

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que lui a lu Lysias, fils de Céphale ; et il est encore tout plein de l’ardeur que cette lecture lui a causée. Lysias était venu tout exprès, pour la lui faire, du Pirée à Munychie. Socrate prie son jeune compagnon de lui analyser ce merveilleux discours ; Phèdre s’en défend, comme trop peu digne de répéter de si belles choses. Mais Socrate, qui connaît la passion de son délicat ami, lui affirme qu’il doit savoir par cœur la pièce tout entière, qu’il a dû se la faire relire plusieurs fois par l’auteur, qu’il ne s’est même pas contenté de si peu et qu’il a dû prendre le cahier pour le relire à son loisir ; qu’aussi bien c’est là la grave occupation qui l’a retenu toute la matinée et l’a empêché de sortir plus tôt. Phèdre se justifie, mais assez faiblement ; et sur les instances de Socrate, il montre en effet le manuscrit qu’il tient de la main gauche, caché sous sa robe. Les deux interlocuteurs cherchent donc sur les bords de l’llissus, où Socrate se baigne les pieds afin de se rafraîchir en marchant, un endroit favorable pour lire tout à leur aise. Ils découvrent bientôt un lieu charmant de repos, sous un platane large et élevé, près d’un agnus-castus, dont les fleurs embaument l’air, au doux murmure d’une source limpide, parmi des statues et des figurines consacrées aux nymphes et au fleuve Achéloüs. Phèdre et Socrate s’asseyent à l’ombre, sur le frais gazon ; et le jeune homme lit le discours de Lysias,