Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/137

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termes, l’Occident, qui s’ouvre alors à la vie scientifique, doit-il quelque chose à l’Orient, avec lequel il est en contact, et qui passe pour l’avoir précédé de beaucoup dans ces voies austères, dont le terme suprême est la philosophie ?

Je réponds sans hésiter : Non, la Grèce ne doit rien à personne, si ce n’est à elle-même ; les secours qu’elle a reçus peut-être ont été si légers qu’on peut affirmer que, dans la science, elle a été aussi nouvelle et aussi ingénieuse que dans tout le reste. Elle n’a pu recevoir de ses voisins que des germes informes, si elle en a reçu quelque chose, et elle les a transformés si complètement qu’on peut dire qu’elle les a réellement créés.

J’établis d’abord ce que l’on doit entendre par la philosophie. Je me borne à la définir :


« L’idée désintéressée de la science. »


Observer pour savoir, sans autre but que de comprendre le monde où nous vivons, ses phénomènes, son origine et sa fin, voilà l’idée qui naît alors pour la première fois dans l’intelligence humaine, et qui, depuis Thalès, Pythagore et Xénophane jusqu’à nous, n’a fait que se développer de siècles en siècles, et qui se développera désormais sans interruption, tant que les siècles et le temps qu’ils mesurent, dureront pour le genre humain. C’est là si bien ce que fait la philosophie qu’au début elle embrasse toutes les sciences sans exception,