Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/161

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riche et aussi belle, pour des races qui ne comptent plus dans les destinées et les progrès de l’intelligence ?

A cette question, il n’est guère possible de répondre autrement que par le fait lui-même. La Grèce est au-dessus de toutes les nations. Nous voyons bien comment, même d’après les débris insuffisants qui nous sont restés de ses œuvres. Mais pourquoi ce petit peuple, à un moment déterminé, dans un court intervalle de quelques siècles, a-t-il été choisi pour être la lumière et le guide immortel de tous les peuples dans l’empire de l’esprit ? C’est là un secret de la Providence, impénétrable comme tant d’autres, que l’on peut admirer, mais qu’il est si difficile de comprendre. Les Grecs, qui ne pouvaient pas avoir sur le genre humain les larges vues que nous présente aujourd’hui la philosophie de l’histoire, appuyée sur tant d’observations, ont cependant essayé de s’expliquer à eux-mêmes la merveille de leur génie ; je préfère encore les interroger plutôt que de répondre à leur place. Écoutons trois témoins également dignes de foi, et presque contemporains : Hippocrate, Platon, Aristote, l’un au nom de la physiologie, l’autre au nom de la philosophie et du patriotisme, le troisième au nom de la politique. A côté d’eux, nous pourrions en attester encore la poésie ; Eschyle, qui combattit à Marathon, nous donnerait son héroïque suffrage.