Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/165

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hommes qui sont soumis à la royauté, le courage manque forcément. Leur âme est asservie, et ils se soucient peu de s’exposer aux périls, de leur plein gré, pour accroître la puissance d’autrui. Mais, au contraire, quand on n’obéit qu’à ses propres lois, et qu’on s’expose aux dangers dans son propre intérêt et non dans l’intérêt d’un autre, on les accepte volontiers, et l’on se jette de tout cœur dans tous les hasards, parce qu’on recueille pour soi-même le fruit de la victoire. C’est ainsi que les lois contribuent largement à former le courage.

Telle est, en toutes choses, la comparaison générale qu’on peut établir entre l’Europe et l’Asie[1] ».

Dans le Ménexène de Platon, Aspasie, cette citoyenne de Milet, dont Socrate ne fait que répéter les discours, consacre un hymne à la gloire des Grecs, vainqueurs des hordes asiatiques :

« Quand les Perses, maîtres de l’Asie, marchaient à l’asservissement de l’Europe, nos pères, les enfants de ce sol, les repoussèrent victorieusement. Pour bien apprécier cette valeur, transportons- nous par la pensée à l’époque où toute l’Asie

  1. Hippocrate, Traité des Airs, des Eaux et des Lieux, chapitres 12, 16 et 23, pages 53, 63, 83, édition Littré, tome II.