Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/173

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arrangement du monde, dans lequel il reconnaît des catégories, mais où il reconnaît surtout une admirable unité. Pour lui, les contraires forment toujours, deux à deux, un tout, qui leur est supérieur. C’est l’unité qui est le principe véritable dans l’univers matériel, aussi bien que dans les nombres ; Pythagore s’élève ainsi à la notion de Dieu, sans le distinguer suffisamment du monde, qu’il ordonne et qu’il régit.

Dans Xénophane, la pensée d’un Dieu un et tout puissant est éclatante, sans être encore approfondie, comme elle doit l’être plus tard dans Platon, et surtout dans la théologie chrétienne. Je crois que c’est cette première vue de l’unité divine qui a jeté ses éblouissements et ses obscurités dans les théories de l’école d’Élée. A mon sens, c’est ainsi qu’on doit expliquer les erreurs de cette noble doctrine. Le regard de Xénophane ne s’étend pas très loin, si l’on veut ; mais du moins il ne s’égare pas. Parménide incline déjà aux sophismes, qui porteront son disciple, l’intrépide Zénon, à nier le mouvement, et Gorgias, à soutenir le nihilisme le plus faux et le moins sincère. Mélissus tient, en quelque sorte, le milieu entre le fondateur du système et ceux qui l’ont poussé à l’extrême et à l’absurde. Je rapproche Xénophane et Mélissus, et voici. les différences principales qui m’apparaissent de l’un à l’autre.