Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/207

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se peut qu’il soit divisible en simple puissance, et indivisible en réalité. Mais ce qui paraît tout à fait impossible, c’est qu’un corps soit ensemble l’un et l’autre en puissance ; car si cela était possible, ce ne pourrait jamais être de cette façon que le corps eût tout ensemble les deux propriétés d’être indivisible et divisible en réalité, mais seulement de pouvoir être réellement divisible en un point quelconque. Il n’en restera donc absolument rien, et le corps se sera perdu dans quelque chose d’incorporel. En admettant qu’il pût renaître, soit en venant de points, soit même en ne venant absolument de rien du tout, comment cette reproduction du corps serait-elle possible ?

§ 18.[1] Ce qui est évident, c’est que le corps se divise réellement en parties distinctes et séparées, et en grandeurs toujours de plus en plus petites, qui s’éloignent les unes

    divisible à l’infini ; mais effectivement la division s’arrête assez vite. — Divisible en simple puissance, et indivisible en réalité, le texte n’est pu tout à fait aussi précis. — Soit ensemble l’un et l’autre en puissance, c’est-à-dire à la fois divisible et indivisible en simple puissance. Malgré les explications de Philopon, et malgré tous mes efforts, ce passage présente une obscurité que je n’ai pu faire disparaître entièrement. Voici, je crois, comment on peut le comprendre. « Un corps ne peut pas être tout à la fois divisible et indivisible, même en simple puissance ; car s’il l’était en puissance il faudrait qu’il le fût en réalité ; et dans la réalité, les deux propriétés sont absolument incompatibles. Tout ce qui se peut réellement, c’est que le corps soit divisible en un point quelconque ; ce qui ne veut pas dire qu’il soit absolument divisible ; car alors il n’en resterait absolument rien après la division, et le corps s’évanouirait ainsi en quelque chose d’incorporel. » - Le corps…. incorporel, cette antithèse de mots est dans le texte. — De points, qui ne sont rien de sensible, puisqu’ils sont supposés n’avoir aucune dimension. — Absolument de rien du tout, ou peut-être : « Du néant, du rien. » - Cette reproduction du corps, le texte n’est pas tout à fait aussi précis.

  1. § 18. Se divise réellement, j’ai ajouté ce dernier mot, pour que la pensée fût plus claire. — Toujours de plus en plus petites, selon la