Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/236

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espèce de vase ; car rien n’empêche que les matières ne soient en nombre infini, de façon qu’elles puissent aussi se produire en réalité et en entéléchie. Il faut ajouter de plus que ce n’est pas même ainsi que l’air paraît venir de l’eau, comme s’il sortait d’un corps qui resterait toujours ce qu’il était. Il vaut donc mieux supposer que la matière est inséparable dans tous les corps, une et identique, numériquement parlant, bien qu’elle ne soit pas une et identique au point de vue de la raison.

§ 6.[1] C’est par les mêmes motifs qu’il ne faut pas supposer que la matière du corps n’est que des points ou des lignes ; car la matière est précisément ce dont les points et les lignes sont les extrémités ; elle ne peut jamais exister sans quelque propriété, ni sans forme. Ainsi donc, une chose vient toujours d’une autre chose absolument, ainsi qu’on l’a déjà dit ailleurs ; et elle vient d’une chose qui existe en réalité,

    qu’à sortir toute faite, sans avoir à subir de modification nouvelle. — Les matières, qui peuvent produire l’accroissement. — En nombre infini, ou simplement : « infinies, » comme le dit le texte. — En réalité, et en entéléchie, il n’y a qu’un seul mot dans le grec. — Que l’air paraît venir de l’eau, c’est-à-dire, qu’il y a un changement réel de l’eau en air, et que l’air ne sort pas tout à fait de l’eau. — Que la matière, de l’accroissement, sous-entendu. — Dans tous les corps, peut-être vaudrait-il mieux restreindre la pensée et dire : « dans les deux corps dont il vient d’être question. » - Numériquement parlant… Au point de vue de la raison, distinctions habituelles dans Aristote.

  1. § 6. N’est que des points ou des lignes, ce qui la réduirait à n’avoir pas plus de réalité que les êtres mathématiques. — Les extrémités, les points étant les extrémités de la ligne, les lignes étant les extrémités des surfaces. — Sans quelque propriété, qui la rende perceptible à nos sens et en fasse un corps réel. — Ni sans forme, encore plus facile à percevoir qu’une simple propriété. — Une chose, ou « un être ». — Ainsi qu’on l’a dit ailleurs, Philopon renvoie au Ier livre de la Physique, où, selon lui, ce sujet a été traité. On peut voir, en effet,