Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/239

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exception, s’accroissent. De même, dans la diminution, toutes les parties de l’objet semblent devenir de plus en plus petites. De plus, l’accroissement paraît avoir lieu, parce que quelque chose se joint au corps ; et le décroissement, parce que quelque chose en sort. Mais l’accroissement ne peut se faire nécessairement que par quelque chose qui est incorporel ou corporel. Si c’est par l’incorporel, alors la partie commune serait séparable ; or il est impossible qu’il y ait une matière séparée de toute grandeur, ainsi qu’on vient de le dire. Si c’est par quelque chose de corporel que l’accroissement a lieu, il en résulte alors qu’il y aura deux corps dans un seul et même lieu, à savoir celui qui s’accroît et celui qui fait croître. Or c’est là encore une impossibilité.

§ 9.[1] On ne peut pas même dire que l’accroissement et la diminution des choses puissent avoir lieu de la même façon que quand, par exemple, l’air vient de l’eau, puisque alors le volume de l’air

    par le commentateur grec, pour le § précédent. — La partie commune, voir plus haut, § 7, et plus loin, § 9.« La partie commune » ne peut signifier ici que la matière dénuée de toute forme, et commune, par conséquent, à tous les corps ; c’est une pure abstraction. Ici encore il y a des manuscrits qui, par la modification d’une seule lettre, lisent : « le vide », au lieu de : « la partie commune ». Je me suis décidé pour cette dernière leçon, comme plus haut. Philopon essaie de les expliquer l’une et l’autre, bien que, dans le texte qu’il a sous les yeux, il semble qu’il y ait : « le vide » et non : « la partie commune ». — Ainsi qu’on vient de le dire, au § précédent. Ce détail semble confirmer l’interprétation que j’ai adoptée. — Deux corps dans un seul et même lieu, principe qu’Aristote a plusieurs fois soutenu dans sa Physique, et que la physique moderne a conservé dans sa théorie de l’impénétrabilité des corps.

  1. § 9. Que quand l’air vient de l’eau, c’est-à-dire, quand l’eau, par une cause quelconque, vient à se vaporiser et à se changer en air. Voir la Météorologie, livre 1, ch. 9, § 2, page 55 de ma traduction. — Le volume de l’air, le fait est exact ; mais il ne semble pas que les anciens eussent aucun moyen de le