Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/358

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la production et la destruction existent toutes deux simultanément, puisqu’elles sont des contraires ; car une cause qui est et subsiste toujours la même et dans les mêmes conditions, ne peut jamais faire que la même chose, selon l’ordre de la nature. Par conséquent, ou ce sera la production, ou ce sera la destruction, qui sera éternelle.

§ 3.[1] Ainsi il faut qu’il y ait plusieurs mouvements, et des mouvements contraires, soit par leur direction, soit par leur inégalité ; car les causes des contraires sont contraires aussi. Ce n’est donc pas précisément la translation première qui peut être cause de la production et de la destruction des choses ; mais c’est la translation suivant le cercle oblique. Dans cette translation, en effet, il y a à la fois la continuité d’un seul mouvement et la possibilité de deux mouvements ; car, il faut nécessairement, pour que la production et la destruction puissent être continues, que le mouvement soit perpétuel, afin que ces changements mêmes ne défaillent jamais. D’autre part, il faut que les mouvements soient au nombre de deux, pour que

    Physique, ch. 2 et suivants. — Simultanément, j’ai ajouté ce mot, pour rendre toute la force de celui dont se sert l’original. — Ou ce sera la production, ou ce sera la destruction, en d’autres termes, une des deux, mais non toutes les deux.

  1. § 3. Des mouvements contraires, voir la définition du mouvement contraire, Physique, liv. V, ch. 7, pages 320 et suivantes de ma traduction. — Suivant le cercle oblique, d’après ce qui suit et d’après le commentaire même de Philopon, il faut entendre parle cercle oblique le cercle du Zodiaque, ou de l’Écliptique. Selon que le soleil est plus ou moins près de nous, il y a production ou destruction des choses. La théorie d’Aristote peut n’être pas exacte ; mais elle est certainement ingénieuse. Le mouvement uniforme et éternellement identique reste appliqué au ciel ; mais le mouvement inégal auquel le monde terrestre est soumis, est dans le soleil et dans les planètes qu’il dirige. — La continuité d’un seul mouvement, et la possibilité de deux mouvements, et de là, les deux causes de la production et de la destruction successives