Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/388

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J’ajoute qu’au chapitre IV, § 1, Mélissus est nommé et rapproché de Xénophane, dont l’analyse ne vient qu’après celle dont Mélissus a été le sujet. Il semble donc bien certain que, dans l’intention de l’auteur de l’opuscule, il devait traiter de Mélisses avant de traiter de Xénophane. On peut remarquer aussi que, dans le catalogue de Diogène de Laërte (loc. cit.), l’ouvrage d’Aristote sur Mélissus figure avant ses ouvrages sur Gorgias, Xénophane et Zénon. Si l’on suit, comme on doit le faire, l’ordre des temps, c’est Xénophane qui devrait venir le premier, Zénon le second, Mélissus le troisième, et Gorgias le dernier. Il ne faut pas sans doute attacher une importance trop minutieuse à ces questions de chronologie ; mais la succession des doctrines ne se comprend plus aussi bien si l’on confond les époques, et c’est dans l’intérêt même de la philosophie qu’il faut être d’une scrupuleuse exactitude, autant du moins qu’on le peut.

Mais que cette classification fautive vienne d’Aristote, s’il est l’auteur de l’opuscule, ou de son abréviateur peu soigneux, il n’importe guère ; et, négligeant cette question d’ordre purement matériel, je veux dire quelques mots sur les trois philosophes qui figurent dans notre traité. Xénophane est célèbre pour avoir été le chef de l’école Éléatique. C’est la gloire qu’on lui attribue ordinairement, quoique Platon, dans le seul passage où il cite Xénophane, semble faire remonter l’école d’Élée plus haut que lui (Le Sophiste, page 241 de la traduction de M. V. Cousin ; page 119, ch. 44, de l’édition grecque de Turin, 1839 ). Exilé de Colophon, sa patrie, dans l’Ionie d’Asie mineure, il paraît avoir émigré en Sicile et s’être refugié d’abord à Zancle et à Catane. Plus tard il se