Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/40

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è ce projet, peu sensé pour un peuple tel que les Lydiens. Le sage était venu à Sardes, et interrogé par le roi sur ce qui se passait de nouveau dans les îles : « Les gens des îles, répondit Bias, se disposent à venir attaquer Sardes avec dix mille hommes de cavalerie. — Plût au ciel, dit Crésus, qu’ils fissent cette imprudence ! — « Tu as bien raison, ô roi, répartit le sage, de désirer que les insulaires commettent une telle faute. Mais que crois-tu qu’ils pensent aussi de leur côté, quand ils apprendront que tu songes à les attaquer par mer ? » Crésus comprit la leçon, toute piquante qu’elle était ; et il se contenta de faire un traité d’alliance et d’hospitalité avec les Ioniens des îles.

Satisfait et tranquille de ce côté, Crésus chercha à étendre sa puissance à l’est et dans l’Asie mineure. Il eût bientôt sous sa main tous les peuples qui étaient placés en deçà de l’Halys : Phrygiens, Mysiens, Maryandiniens, Chalybes, Paphlagoniens, Thraces de Thynie et de Bithynie, Cariens, Pamphyliens et même Doriens, Ioniens et Éoliens. La Cilicie et la Lycie, au sud, purent seules échapper à sa domination. l’Halys est un des trois ou quatre grands fleuves qui délimitent et qui fécondent cette partie de la terre qu’on appelle l’Asie-Mineure. Prenant sa source dans les montagnes d’Arménie, il coule d’abord de l’est au sud-ouest, et s’infléchissant tout