Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parties ; car s’il était dissemblable, il ne serait plus un par cela seul ; et n’étant plus un, il serait plusieurs. Étant éternel, incommensurable, et semblable dans toutes ses parties, l’un doit être immobile ; car il ne pourrait se mouvoir que dans quelque chose qui se retirerait devant lui. Mais se retirer, ce ne peut être que pour aller dans le plein, ou dans le vide. Or, d’une part le plein ne peut plus rien recevoir ; et d’autre part, le vide lui-même n’est rien.

§ 5.[1] L’un étant ce qu’on vient de dire, il s’ensuit qu’il ne peut éprouver ni peine, ni douleur ; il doit être sain et sans maladie, de même qu’il ne peut ni changer de position pour en prendre une meilleure, ni se transformer pour prendre une autre espèce, ni se mêler à une autre chose. Dans toutes ces conditions, l’un deviendrait plusieurs ; ce serait le non-être qui serait enfanté ; et l’être, qui serait détruit nécessairement.

§ 6.[2] Or tout cela est absolument impossible. En effet, si le mélange est dit un, parce qu’il s’est formé de plusieurs choses, il faut donc qu’il y ait eu préalablement plusieurs choses, et que ces choses se soient mues les unes vers les autres. Le mélange n’est, au fond, que la combinaison de plusieurs choses en une ; ou bien, c’est, par la répartition, comme une sorte de

    voir plus loin, Fragments de Mélissus, fragm. 4. — L’un doit être immobile, id., ibid. — Qui se retirerait devant lui, voir plus loin, Fragments de Mélissus, frag. 5. — Le vide n’est rien, voir plus loin, id., ibid.

  1. § 5. Éprouver ni peine ni douleur, ceci peut se prendre soit au physique, soit au moral ; voir plus loin, Fragments de Mélissus, fragm. 4. — Sain et sans maladie, ces idées sont peut-être un peu étroites, et c’est traiter l’être un peu trop comme le corps humain ; voir plus loin, fragm. 11. — Qui serait enfanté, c’est la reproduction exacte de l’expression grecque.
  2. § 6. Si le mélange est dit un, sur la théorie du mélange, voir plus haut le Traité de la Production et de la Destruction des choses, Livre 1, chap. 10, pages 105 et suiv. —