Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mélissus, qu’il est de toute impossibilité que quoi que ce soit sorte de ce qui n’est pas, et qu’il n’y a pas moyen absolument que ce qui est une fois puisse jamais périr, « puisque l’être subsiste toujours partout où on a pu l’établir », ce philosophe n’en soutient pas moins que, parmi les choses, il y en a d’éternelles comme le feu, l’eau, la terre et l’air, et que c’est de ces choses-là que viennent et que sont venues toutes les autres. A son avis, il n’y a pas pour les êtres d’autre production que celle-là ; et la production n’est au fond que mélange et dissolution. C’est ce qu’on appelle vulgairement la production et la nature des choses.

§ 5.[1] D’ailleurs Empédocle n’en prétend pas moins que le devenir ne s’applique pas aux choses éternelles, et que ce qui est ne devient pas, impossibilités manifestes à ses yeux : « Comment en effet, dit-il, quelque chose pourrait-il accroître le Tout ? Et d’où viendrait ce quelque chose ? Mais c’est du mélange et de la combinaison du feu, et de tous les éléments qui l’accompagnent, qu’est sortie la pluralité des choses. Ces éléments se séparant et

    3. — D’accord avec Mélissus, le nom propre n’est pas dans le texte grec ; mais il ressort de l’expression même dont l’auteur se sert. — « Puisque l’être subsiste toujours ; citation exacte, mais non textuelle ; d’un vers d’Empédocle, vers 104, loc cit. Comme le feu, l’eau etc, les quatre éléments, toujours admis pal Empédocle. — Que mélange et dissolution, ce sont les expressions même d’Empédocle ; voir les Fragments d’Empédocle, vers 100 et 101, loc. cit. Aristote cite encore ce vers, Traité de la Production et de la Destruction des choses, livre II, ch. 6, § 6. — Vulgairement, le texte dit : « chez les hommes » ; Fragments d’Empédocle, vers 101.

  1. § 5. D’ailleurs Empédocle, le texte ne nomme pu ici Empédocle ; mais toute la suite prouve bien que c’est de lui qu’il s’agit. — Le devenir, ou « la génération. » - Comment, en effet, dit-il, ce ne sont pu exactement les expressions d’Empédocle ; mais c’est bien le sens de ses vers ; voir ses Fragments, vers 94 et