Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/427

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même ; car ce ne sont pas là les relations réciproques qu’aient entr’eux les égaux et les semblables. Il n’est pas plus possible, en second lieu, que le dissemblable sorte du dissemblable. Si, en effet, le plus fort sortait du plus faible, si le plus grand venait du plus petit, le meilleur du pire, ou, à l’inverse, le pire du meilleur, l’être alors viendrait du non-être ; ce qui est tout à fait impossible.

§ 2.[1] Donc, il faut conclure de tout cela que Dieu est éternel. Si Dieu est le souverain des êtres, il faut, selon Xénophane, qu’il soit unique aussi ; car s’il y en avait deux ou plusieurs, il ne serait plus dès lors le souverain, ni le plus grand de tous les êtres, puisque dès lors chacun de ces êtres multiples serait absolument tout pareil à lui. Ce qui constitue Dieu, en effet, et la puissance divine, c’est de dominer souverainement et de n’être pas dominé ; c’est d’être le maître de tous, et le plus puissant. Par conséquent, du moment qu’il n’est pas le plus puissant, il perd, en proportion, quelque chose de sa divinité. S’ils sont plusieurs, et s’ils sont supérieurs ou inférieurs les uns aux autres à certains égards, ce ne

    répétition est dans le texte. — Les égaux, pour la quantité ; Les semblables, pour la qualité. — En second lieu, j’ai ajouté ces mots, pour plus de clarté.

  1. § 2. Que Dieu est éternel, le nom d’Éternel est le nom propre de Dieu dans bien des cas. Dieu est l’être qui est, qui existe en soi, et qui a toujours existé, de même qu’il existera toujours. « Je suis celui qui est, » dit la Bible. La pensée de Xénophane est ici la même. — Selon Xénophane, le nom de Xénophane n’est pas exprimé ; il n’y a qu’un pronom démonstratif tout indéterminé ; voir plus haut, § 1. — Le plus grand, le texte dit précisément : « Le meilleur. » Il faut remarquer que toute cette argumentation de Xénophane est pleine de force et de clarté ; elle a devancé de près d’un siècle les doctrines de Socrate et de Platon, et on doit croire qu’elle les a préparées. On a souvent aussi accusé Xénophane de Panthéisme ; mais, ici il n’y en a pas trace, et si Dieu était confondu avec le