Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/429

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toute autre ; mais il l’est dans toutes sans exception.

§ 6.[1] Du moment qu’il est éternel, un, sphérique, il s’ensuit qu’il ne peut être ni infini, ni fini. C’est le non-être qui est infini, attendu qu’il n’a ni principe, ni milieu, ni fin, ni aucune autre partie ; or, c’est là ce qu’est l’infini. Mais l’être n’est pas comme le non-être ; et les êtres, du moment qu’ils sont multiples, se limitent les uns les autres mutuellement. L’Un ne peut être assimilé ni au non-être, ni aux êtres multiples, puisque l’Un n’a rien qui le limite.

§ 7.[2] L’un, que Xénophane appelle Dieu, étant ainsi, il ne peut ni se mouvoir, ni être immobile. Le non-être, en effet, est immobile, parce qu’un autre être

    1852. — Sans exception, j’ai ajouté ces mots. M. Müllach rappelle, avec raison, un passage tout à fait analogue dans le Traité du Ciel, livre I, ch. 1, § 5, page 5 de ma traduction.

  1. § 6. Ni infini ni fini, il semble, au contraire, que l’idée d’infini va parfaitement avec celle de Dieu, éternel, c’est-à-dire infini dans le temps ; tout-puissant, c’est-à-dire infini dans la puissance, etc. — C’est le non-être qui est infini, c’est par un simple abus de langage que l’on peut confondre le non-être et l’infini. Le non-être n’est que l’indéterminé. En grec, les deux sens se confondent en un seul mot. — Ni aucune autre partie, tout ceci est par trop évident, puisque le non-être n’existe pas. — Se limitent mutuellement, ou « sont finis les uns relativement aux autres. » - L’un ne peut être assimilé, qu’à lui-même ; il est être, puisqu’il est tout ; il n’est pas dans la multiplicité, puisqu’il est l’unité même.
  2. § 7. Que Xénophane appelle Dieu, Xénophane n’est pas nommé ici non plus qu’au § 1. C’est cette opinion de Xénophane qui a pu le faire accuser de Panthéisme. Mais Dieu peut être un, tout en se distinguant absolument du monde. — Ni se mouvoir ni être immobile, il est, en effet, aussi difficile de concevoir Dieu immobile que de le concevoir en mouvement. Pour Aristote, c’est le moteur immobile donnant le mouvement à la nature entière, qu’il attire à lui, et restant lui-même dans une éternelle immobilité, indivisible, sans parties, incorporel, etc. ; voir le VIIIe livre de la Physique, dernier chapitre, et la Métaphysique, livre XII, ch. 5. Voir aussi les Fragments de Xénophane, frag. IV, conservé par Simplicius, Commentaire sur la Physique d’Aristote, f° 6, a, Fragmenta philosophorum grœcorum, éd. Firmin Didot, page 101. — Le non-être, en effet, est immobile, ceci est toujours la suite des théories de Xénophane, comme l’indique la tournure même de la phrase grecque. — Parce qu’un autre être